La coopération
Coopération : provient du latin Co-operare, composé du préfixe « co- » ou « cum-» (renvoie à l’idée d’association, de participation ou encore de simultanéité) et « operare » (œuvrer, opérer ou agir). Sens direct : travailler ensemble.
Forgé dans la première moitié du XIXe siècle par Robert Owen (1771-1858), un théoricien socialiste britannique considéré comme étant le père fondateur du mouvement coopératif moderne, pour désigner une forme d’organisation des activités humaines dans le domaine économique, le terme coopération est fréquemment entendu et utilisé aujourd’hui (bien que très souvent mal compris). Pour le définir de manière simple, le mot désigne l’action d’œuvrer ensemble vers un objectif commun.
La coopération a traversé les époques et a revêtu différentes formes en fonction des contextes historiques et socioculturels. C’est surtout lorsqu’elle a été présentée comme étant l’opposé de l’idée de compétition inhérente au système capitaliste qu’elle est devenue un concept à part entière. Mais quelle est réellement sa nature ? Quel rôle a-t-elle joué durant les événements majeurs qui ont marqué notre monde ? Quel impact a-t-elle sur nos modes de pensée et notre façon de vivre aujourd’hui ?
Un mouvement à travers l’histoire
Lancement du mouvement coopératif et naissance des coopératives
Pour comprendre la nature de la coopération, il est important de revenir sur les différentes formes qu’elle a prises tout au long de l’histoire. La coopération a toujours été présente dans les sociétés humaines. Cependant, c’est lorsqu’elle s’est manifestée en tant que mouvement qu’elle s’est vraiment constitué un sens profond qui a traversé les siècles. Les annales historiques sont assez unanimes sur le fait que c’est au cours du XIXe siècle que le concept a réellement pris une forme institutionnelle tangible avec l’émergence des premières coopératives ayant pour point de départ la fondation de la Rochdale Society of Equitable Pioneers (Société des équitables pionniers de Rochdale) par des tisserands britanniques en 1844.
Le mouvement coopératif a été initié pour instaurer des remparts contre les nouveaux risques économiques et sociaux que présentaient l’industrialisation et la promotion du libéralisme. Lancé par des communautés locales, il avait pour but, à cette époque, de rassembler les individus pour résoudre des problèmes communs, notamment dans les domaines de la production textile et agricole, de la consommation et du logement. Le principe, bien qu’assez simple, permettait déjà une vision assez large : amener les individus à se regrouper pour améliorer concrètement les conditions matérielles d’existence, mais également pour avancer ensemble vers un horizon plus large d’émancipation et de transformation.
Les périodes de guerres
Durant les grandes guerres du XXe siècle, la coopération a joué un rôle crucial dans la survie des populations affectées par les conflits. Que ce soit à travers la mutualisation des ressources, l’organisation de réseaux de soutien ou la solidarité entre voisins, la coopération a permis aux communautés de surmonter des épreuves extrêmes et de reconstruire leurs vies dans des périodes de tumulte et de désarroi.
Les années 2000
Au début des années 2000, le mouvement coopératif a connu une nouvelle tournure. Avec l’essor des mutuelles et associations, il s’est tellement développé au point de former un tiers secteur bigarré unifié sous une appellation assez catégorisante, mais qui a l’avantage d’être précise et claire : économie sociale et solidaire. Sous cette forme, la coopération est assimilée à un concept économique censé se distinguer de l’économie capitaliste.
La crise financière de 2008 a accéléré les choses. Constatant le recul de l’engagement économique et social des États du fait du néolibéralisme, l’incapacité des sociétés capitalistes à répondre au défi de la mondialisation et l’accroissement des inégalités et des ravages écologiques, certaines sociétés se sont fédérées, redonnant une nouvelle vigueur à l’idéal coopératif. Ce nouveau système coopératif se distingue notamment des précédents par sa quasi non-lucrativité et ses principes de fonctionnement démocratiques. Le mouvement coopératif a pris rapidement une importante ampleur avec la création de l’Alliance coopérative internationale. Son évolution est telle qu’il a poussé l’ONU à décréter, en 2012, l’année en cours comme étant l’année internationale des coopératives. Cet évènement a donné un nouvel élan et une nouvelle dimension au concept de coopération.
La récente crise sanitaire mondiale déclenchée par la pandémie de COVID-19 n’a fait que renforcer la tendance en mettant en évidence l’importance vitale de la coopération à l’échelle internationale. La collaboration entre les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises et les citoyens du monde entier a été essentielle pour contenir la propagation du virus, développer des vaccins efficaces et mettre en place des mesures de soutien économique et social pour les populations touchées.
Le concept aujourd’hui
Dans le contexte contemporain, la coopération peut être considérée comme étant un principe crucial pour la construction d’une société plus juste, inclusive et durable. Elle est au cœur des activités des organisations collectives qui entendent promouvoir un système et un mode de fonctionnement basés sur une vision partagée des différents acteurs, dans un esprit d’intérêt général, et ce, au service de toutes les parties prenantes.
Là encore, les domaines concernés sont ceux de l’économique et du social. La coopération peut alors prendre une forme plus spontanée et plus individuelle comme celle des SEL (systèmes d’échange local) ou s’inscrire dans une démarche plus élaborée et plus organisée. Ce deuxième cas de figure correspond actuellement à la création et à l’organisation des structures d’économie sociale et/ou solidaire ou encore au lancement des projets impliquant de nouveaux modes de fonctionnement tels que les logiciels libres.
Bien sûr, en raison de certaines de ses caractéristiques, certains ont tendance à confondre la coopération avec le mouvement communautaire et le communautarisme. Il est cependant important de différencier les deux concepts. S’opposant à l’esprit de concurrence entendu sous sa forme libérale, la coopération suppose la reconsidération des modes de fonctionnement et des relations économiques de manière à les réorienter vers des finalités plus sociales et plus solidaires. Cette approche implique un travail collectif vers un objectif commun. Le communautarisme, quant à lui, tend à établir une sorte de clivage qui peut parfois conduire à la fragmentation sociale en favorisant les intérêts particuliers d’un groupe au détriment de l’intérêt général.
Pour mieux clarifier cette différence, on peut revenir aux règles et principes à la base de la coopération (ceux qui ont conduit à la création et au développement de la Société des équitables pionniers de Rochdale), à savoir : l’égalité, la justice, l’équité et la liberté. Avec ces valeurs, la coopération est, bien plus qu’un concept, un véritable mode de pensée. Fondé sur la collaboration, le partage et le respect mutuel, celui-ci conduit à des actions concrètes visant à apporter des effets bénéfiques tangibles tant sur le plan individuel que sur le plan collectif, et ce, en favorisant l’innovation, la résolution de problèmes complexes et la construction de relations interpersonnelles solides.
Dans un monde de plus en plus interconnecté et interdépendant, la coopération devient non seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité pratique pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique, les inégalités sociales et les crises sanitaires. En reconnaissant la valeur de la coopération et en la promouvant activement dans nos communautés et nos institutions, nous pouvons construire un avenir plus prometteur pour tous.
Le projet Global Coopération
Le projet Global Coopération est né d’une initiative visant à faire de la coopération la pierre angulaire d’une nouvelle forme de collaboration basée sur la flexibilité, la considération des besoins des autres, l’échange d’information et la résolution commune de problèmes. Cette approche met en œuvre l’intelligence collective en réunissant les différents acteurs (notamment les acteurs de la facilitation) et les parties prenantes. La coopération peut, dans ce sens, prendre différentes formes. En outre, elle peut également se faire selon différentes approches et évoluer librement en fonction des activités. L’essentiel est avant tout de :
- Inviter à l’échange et à la réflexion
- Mettre en réflexion
- Combiner les intelligences
- Mutualiser, si c’est possible, les ressources
- Rompre les modes de fonctionnements et/ou modes de pensée restreignants
- Promouvoir des visions d’avenir stimulantes et porteuses
- Se donner la capacité de faire face à des chocs systémiques ensemble